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LE PROCES D'AUSCHWITZ, LA FIN DU SILENCE.

Lorsque les nazis capitulèrent, le 8 mai 1945, les alliés, américains, soviétiques, britanniques et français, arrêtèrent et jugèrent de nombreux criminels de guerre dans toute une série de procès qui s'étalèrent sur 3 années. Ce désir de châtier les crimes de guerre avait été annoncé dès le 25 octobre 1941 par Winston Churchill et le président américain Franklin Delano Roosevelt et réaffirmé le 13 janvier 1942, à l'issue de la 3eme conférence interallié à Londres par la déclaration dite de Saint-James.

 Le plus connu fut le procès de Nuremberg, en 1945-46, qui jugea les dirigeants nazis, comme Goëring, Hess, Ribbentrop et quelques autres. Mais il y eut aussi le procès contre les médecins de la mort de 1946 à 1947, le procès des Einsatzgruppen de 1947 à 1948, et beaucoup d'autres. Mais ces procès furent initiés par les vainqueurs, pas par les allemands, ce qui donna l'impression que c'était une justice des vainqueurs !

Mais après guerre, à partir de 1956, Fritz Bauer, le procureur général du Land de Hesse basé à Francfort-sur-le-Main, s'attacha à traquer et juger les criminels de guerre nazis qui avaient échappé à leur châtiment.

 

 

 

bauer

bauer

Ce fut lui qui, averti par un ancien déporté de la présence d'Eichmann en Argentine, donna l'information au Mossad, service israélien qui kidnappa le nazi à Buenos Aires et le ramena en Israël, où il fut jugé pour ses crimes contre l'humanité, dans un procès retentissant ! Reconnu coupable,  condamné à mort, en décembre 1961, il fut exécuté en 1962. Mais encore une fois, un criminel de guerre allemand était jugé hors d'Allemagne !

 

eichmann

eichmann

 Fritz Bauer contina son labeur, à partir de Francfort, et put collationner de nombreux témoignages des crimes commis par les nazis au camp d'extermination d'Auschwitz. Le commandant du camp, Rudolf Höss, avait été déjà jugé en Pologne, en 1947, reconnu coupable, condamné à mort et exécuté par pendaison dans le camp où il avait sévi. Mais, une nouvelle fois, c'était un pays étranger, la Pologne, qui avait rendu la justice, pas l'Allemagne. C'est pour cette raison que le procès d'Auschwitz, qui commença en 1963, à Francfort, fut fondamental, pour exorciser ce passé que les allemands voulaient oublier ! Dans un contexte plutôt hostile, ce procès étala à la face des allemands le visage hideux des camps d'extermination, dont les rouages étaient huilés par des allemands "ordinaires", qui , rappelait la notion de "banalité du mal" formulé par Hanah Arendt lors du procès Eichmann. Les Robert Mulka, commandant adjoint du camp, Oswald Kaduk, sous-officier SS, ou autre Josef Klehr, l'infirmier de la mort, avaient refait tranquillement leur vie, après-guerre, sans vraiment être inquiétés par les vainqueurs.  Les 22 prévenus furent condamnés à des peines plutôt légères (il y eut quand même 6 condamnations à perpétuité), ce qui scandalisa les 200 déportés qui avaient témoigné à charge. 

Malgré cet échec relatif, pour le procureur Bauer, pendant 22 mois, les allemands furent replongés dans les horreurs du système concentrationnaire nazi, que la plupart voulait oublier pour profiter sans remords des bienfaits de la société de consommation. Pour une fois, c'étaient les allemands, eux-mêmes, qui jugeaient leur criminel de guerre !

Tag(s) : #nazi, #shoah, #auschwitz, #proces, #klehr, #mulka, #kaduk, #bauer, #francfort, #mossad, #1963
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